Matthieu 23 – Malheurs aux spécialistes de la loi et aux pharisiens
A. Jésus réprimande les spécialistes de la loi et les pharisiens.
1. (1-4) Ils mettent sur les autres des fardeaux pesants.
Alors Jésus s’adressa à la foule et à ses disciples en disant: «Les spécialistes de la loi et les pharisiens se sont faits les interprètes de Moïse. Tout ce qu’ils vous disent [de respecter], faites-le donc et respectez-le, mais n’agissez pas comme eux, car ils disent et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.
a. Alors Jésus s’adressa à la foule et à ses disciples : Jésus parlait à ces groupes, mais Il parlait au sujet des spécialistes de la loi et des pharisiens. Bien sûr, ces adversaires endurcis de Jésus écoutaient ; mais, en un sens, Jésus avait fini de leur parler. Au lieu de cela, Il souhaitait avertir le peuple et Ses disciples à leur sujet.
i. « La véritable cible de tout le discours, ce sont les foules et les disciples qui ont besoin de se libérer du légalisme pharisien » (France).
ii. « Peut-être un an plus tôt, Jésus avait commencé à dénoncer les pharisiens (Matthieu 15:7). Par la suite, Il a averti Ses disciples au sujet de l’enseignement des pharisiens et des sadducéens (Matthieu 16:5-12). Maintenant, Ses avertissements et dénonciations sont publics » (Carson).
iii. Selon William Barclay, le Talmud décrit sept types différents de pharisiens ; six des sept sont mauvais.
·Le pharisien-épaule, qui portait toutes ses bonnes actions et sa justice sur son épaule pour que tout le monde puisse les voir.
·Le pharisien attends-un-peu, qui avait toujours l’intention de faire de bonnes actions, mais pouvait toujours trouver une raison pour les faire plus tard, pas maintenant.
·Le pharisien blessé ou saignant, qui était si saint qu’il détournait la tête de toute femme vue en public, et se cognait donc constamment contre des objets et trébuchait, se blessant ainsi.
·Le pharisien bossu, qui était si humble qu’il marchait penché et levait à peine les pieds, afin que tout le monde puisse voir à quel point il était humble.
·Le pharisien comptant-sans-cesse, qui comptait sans cesse ses bonnes actions et croyait qu’il mettait Dieu en dette envers lui pour tout le bien qu’il avait fait.
·Le pharisien apeuré, qui faisait le bien parce qu’il était terrifié à l’idée que Dieu le frappe par le jugement s’il ne le faisait pas.
·Le pharisien craignant Dieu, qui aimait vraiment Dieu et qui faisait de bonnes actions pour plaire au Dieu qu’il aimait.
b. Tout ce qu’ils vous disent [de respecter], faites-le donc et respectez-le : Jésus disait que le respect était dû aux spécialistes de la loi et aux pharisiens ; non à cause de leur conduite, mais parce qu’ils sont assis dans la chaire de Moïse [Louis Segond, 1910]. Ils doivent être respectés car ils détiennent une fonction d’autorité, ordonnée par Dieu.
i. « Que la loi de Dieu ne perde pas son autorité sur vous à cause de ces hommes méchants » (Poole).
ii. La chaire de Moïse : « Les synagogues avaient un siège de pierre à l’avant d’où l’enseignant faisant autorité [s’asseyait] (Carson) ». « Les Juifs parlaient de la chaire de l’enseignant de la même façon dont nous parlons de la chaire du professeur » (Bruce).
c. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes : Les spécialistes de la loi et les pharisiens étaient de mauvais exemples parce qu’ils attendaient plus des autres que d’eux-mêmes. Ils liaient des fardeaux pesants sur les autres, mais eux-mêmes ne [voulaient] pas les remuer du doigt.
d. Des fardeaux pesants : Le fardeau des chefs religieux contraste fortement avec celui de Jésus. Ses exigences sont bonnes et Son fardeau léger (Matthieu 11:30). Ces chefs religieux étaient des donneurs de fardeaux ; Jésus était un preneur de fardeaux.
i. La première accusation contre ces chefs religieux pourrait s’appliquer à de nombreux chefs religieux aujourd’hui. Beaucoup enseignent en faisant comme si l’essence du christianisme était un ensemble de règles pesantes à suivre.
ii. L’Église primitive a rejeté ce légalisme lorsqu’elle a insisté sur le fait que l’obéissance à la loi mosaïque n’est pas un fondement de la vie chrétienne. Pierre dit aux légalistes dans Actes 15:10 : « Pourquoi provoquer Dieu en imposant aux disciples des exigences que ni nos ancêtres ni nous n’avons été capables de remplir? »
2. (5-10) Ils font leurs actions pour se faire remarquer et ils vivent pour la louange des hommes.
Toutes leurs actions, ils les font pour se faire remarquer des hommes. Ainsi, ils portent de grands phylactères et allongent les franges [de leurs vêtements]. Ils aiment occuper la meilleure place dans les festins et les sièges d’honneur dans les synagogues. Ils aiment être salués sur les places publiques et être appelés par les hommes ‘Maître, [Maître]’. Mais vous, ne vous faites pas appeler maîtres, car un seul est votre maître, [c’est le Christ,] et vous êtes tous frères. N’appelez personne sur la terre votre père, car un seul est votre Père, c’est celui qui est au ciel. Ne vous faites pas appeler chefs, car un seul est votre chef, c’est le Christ.
a. Toutes leurs actions… pour se faire remarquer des hommes : Les chefs religieux étaient coupables de faire la publicité de leurs bonnes actions. Ils agissaient selon l’esprit religieux contre lequel Jésus parla dans le sermon sur la montagne (Matthieu 6:1-6).
b. Ils portent de grands phylactères et allongent les franges [de leurs vêtements] : À la fois les phylactères (petites boîtes en cuir contenant de petits rouleaux avec les Écritures dessus, attachés au bras et à la tête avec des lanières de cuir) et les franges de leurs vêtements étaient portés dans le but de se conformer à la loi mosaïque (Deutéronome 11:18 ; Nombres 15:38-40).
i. « On appelait phylactères, du [mot grec ancien], garder, ces objets dans lesquelles la loi était gardée » (Poole).
ii. Il était naturel pour ces chefs religieux de croire que des phylactères plus grands et des franges plus longues sur leurs vêtements montraient qu’ils étaient plus spirituels. L’objectif de porter des phylactères et des franges [de leurs vêtements] était d’obéir à ce que Dieu avait commandé à Israël sous l’alliance donnée au mont Sinaï. L’utilisation de ces choses pour promouvoir une image de super-spiritualité était due à la nature pécheresse de l’homme, et non pas la cause du commandement lui-même.
c. Ils aiment occuper la meilleure place… être salués sur les places publiques : Non contents d’afficher leur prétendue spiritualité, les chefs religieux aimaient que les gens admirent leur supposée spiritualité. Ils convoitaient les sièges d’honneur aux banquets et à la synagogue, et ils aimaient les titres honorifiques tels que maître et père.
i. « Il y a donc un accent à mettre sur le mot aiment ; ils auraient peut-être pu accepter des salutations, et les premières places, si elles leur étaient offertes comme leur étant dues afin de maintenir l’ordre civil, sans que cela ne les affecte » (Poole).
d. Mais vous, ne vous faites pas appeler maîtres, car un seul est votre maître, [c’est le Christ,] et vous êtes tous frères : Jésus avertit le peuple qu’il ne fallait pas imiter les spécialistes de la loi et les pharisiens à ce sujet. Ses disciples devraient toujours se rappeler que « vous êtes tous frères » et que l’on ne doit pas être exalté au-dessus des autres par des titres qui seraient exigés ou reçus.
i. « Une exhortation que l’Église d’aujourd’hui gagnerait à prendre plus au sérieux, non seulement en ce qui concerne les titres ecclésiastiques formels (« Révérendissime », « Monseigneur l’Évèque », etc.), mais aussi de façon plus significative dans sa déférence excessive envers les qualifications académiques ou le statut d’autorité dans les Églises » (France).
e. Ne vous faites pas appeler maîtres… N’appelez personne sur la terre votre père… Ne vous faites pas appeler chefs : Jésus avertit Ses auditeurs et nous-mêmes de ne pas conférer un honneur inapproprié à qui que ce soit. On peut avoir un père ou des maîtres dans un sens humain normal, mais on ne devrait pas les considérer dans un sens qui leur confère un honneur ou une autorité spirituels excessifs.
i. « Dans l’Église du Christ, tous les titres et honneurs qui exaltent les hommes et donnent une occasion à l’orgueil sont ici interdits » (Spurgeon).
ii. D’après le reste des Écritures, nous pouvons voir que Jésus n’a pas voulu que cela soit une interdiction absolue, mais plutôt comme un message pour le cœur qui aime, collectionne et chérit de tels titres. Nous le savons parce que, sous l’inspiration du Saint-Esprit, des hommes pieux ont parlé d’eux-mêmes avec certains de ces titres.
·Jésus était appelé maître : Matthieu 26:25 et 26:49 ; Jean 1:38 et 3:26.
·Paul s’est appelé lui-même un père : 1 Corinthiens 4:15 ; Philippiens 2:22.
·Paul a appelé d’autres chrétiens ses enfants : Galates 4:19.
·Paul s’est appelé lui-même un enseignant : 1 Timothée 2:7 ; 2 Timothée 1:11.
iii. « Ce qu’il interdit est, 1. Une affectation de tels titres, et la poursuite de ces titres. 2. Rom tituli, l’exercice d’un rôle de maître absolu, ou d’un pouvoir paternel absolu » (Poole).
iv. Néanmoins, ce commandement est souvent ignoré et violé aujourd’hui dans la façon dont les gens donnent et reçoivent des titres tels que prophète, apôtre, révérendissime, etc. On le voit aussi dans la courtoisie attendue pour clore une lettre au Pape : « Prosterné(e) aux pieds de Votre Sainteté et implorant la faveur de sa bénédiction apostolique, j’ai l’honneur d’être, Très Saint-Père, avec la plus profonde vénération de Votre Sainteté, le plus humble et le plus obéissant serviteur et fils / la plus humble et la plus obéissante servante et fille. »
v. « Nous devons dire que le Christ ressuscité est tout autant mécontent de ceux de Son Église qui exigent une soumission inconditionnelle à leur personne et à leurs opinions et confondent une réputation de piété ostentatoire avec une soumission pieuse à Ses enseignements qu’Il ait pu l’être envers n’importe quel pharisien » (Carson).
3. (11-12) Le chemin de Jésus : service et humilité.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui s’élèvera sera abaissé et celui qui s’abaissera sera élevé.
a. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur : Normalement, les gens évaluent la grandeur par le nombre de personnes qui les servent et qui les honorent. Jésus rappela à Ses disciples que dans Son royaume, cela devait être différent et que nous devrions estimer la grandeur par la façon dont nous servons et honorons les autres.
i. « En un mot, comme tous leurs successeurs en esprit jusqu’à nos jours, ils étaient sévères envers les autres, mais très indulgents envers eux-mêmes » (Clarke).
ii. Puisque Jésus était vraiment le plus grand parmi eux, Il a parlé de Lui-même comme d’un serviteur. Il est malheureux que beaucoup de disciples de Jésus imitent la philosophie et le style de direction des spécialistes de la loi et des pharisiens plus que celui de Jésus.
b. Celui qui s’élèvera sera abaissé et celui qui s’abaissera sera élevé : Cette promesse est absolument vraie, mais quelquefois elle n’est visible qu’à la mesure de l’éternité.
B. Les huit malheurs des chefs religieux.
Ces malheurs contrastent avec les huit béatitudes de Matthieu 5:3-11. Jésus parla durement en cette occasion, pourtant ce n’était pas le langage de l’irritation personnelle mais celui de l’avertissement divin et de la condamnation. « Une telle série de “malheurs” est courante dans les livres des prophètes de l’Ancien Testament (par exemple Ésaïe 5:8-23 ; Habacuc 2:6-19) — le ton est alors celui de la condamnation, et c’est aussi le message principal ici » (France).
1. (13) Malheur à ceux qui ferment l’accès au royaume.
»Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes l’accès au royaume des cieux; vous n’y entrez pas vous-mêmes et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient.
a. Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites Littéralement, le mot « hypocrites » désigne un acteur, quelqu’un qui joue un rôle. Jésus exposait la corruption qui était couverte par l’image spirituelle des spécialistes de la loi et des pharisiens.
b. Vous fermez aux hommes l’accès au royaume des cieux : Les chefs religieux empêchaient les gens d’accéder au royaume des cieux en rendant les traditions humaines et les règles religieuses humaines plus importantes que la Parole de Dieu. Cela se voyait clairement à la manière dont ils s’opposaient à Jésus et le rejetaient ; s’ils avaient ouvert l’accès du royaume des cieux aux hommes, ils auraient accueilli et reçu Jésus comme Messie et Fils de Dieu.
i. « Il avait été écrit bien auparavant que les lèvres du prêtre sont les gardiennes de la connaissance : Dieu qui a confié la clé de la connaissance aux ministres et aux guides de Son Église, non pour qu’ils l’enlèvent, mais pour que le peuple à sa bouche… demande la loi, parce qu’il est un messager de l’Éternel, Malachie 2:7 » (Poole).
c. Vous n’y entrez pas vous-mêmes et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient : Il est mauvais pour quelqu’un de ne pas entrer lui-même au ciel, mais il est bien pire d’empêcher une autre personne d’y entrer (Matthieu 18:6).
i. « Dans les temps anciens, les rabbins portaient une clé, qui était le symbole ou l’emblème de la connaissance » (Clarke).
2. (14) Les chefs religieux volent les personnes vulnérables.
Dans de nombreuses traductions de la Bible, ce verset n’est pas inclus ou est noté dans la marge. D.A. Carson écrit : « Le verset 14 doit être considéré comme une interpolation… Cela est clair, non seulement par son absence des meilleurs et des plus anciens manuscrits de Matthieu, mais par le fait que les manuscrits qui l’incluent ne sont pas d’accord sur l’endroit où le placer — avant ou après le verset 13. » Même s’il n’a pas sa place dans Matthieu 23, il est certainement présent dans les passages de Marc 12 et Luc 20.
»[Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous dépouillez les veuves de leurs biens tout en faisant pour l’apparence de longues prières; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.]
a. Vous dépouillez les veuves de leurs biens : À l’aide d’opérations astucieuses et malhonnêtes, les spécialistes de la loi et les pharisiens volaient les veuves — en prenant soin de faire passer leurs actions pour de bonnes affaires ou de l’intendance.
b. Tout en faisant pour l’apparence de longues prières : Leurs longues prières faussement spirituelles étaient utilisées pour se donner une image spirituelle, souvent dans le but de recevoir de larges dons.
i. « Il ne tient pas compte de l’arithmétique de nos prières, combien il y en a ; ni de la rhétorique de nos prières, combien elles sont éloquentes ; ni de la musique de nos prières, de la douceur de notre voix, ni de la logique de nos prières, ni de leur méthode, mais la divinité de nos prières est ce qu’Il estime tant » (Trapp).
c. À cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement : La grandeur de leur péché requérait qu’ils soient jugés plus sévèrement que d’autres personnes. Sous ce concept, nous pouvons dire que personne ne passera de bons moments en enfer, mais nous pouvons être sûrs que certains passeront de pires moments que d’autres.
i. « Ces paroles prouvent qu’il y a des degrés de punition, comme il y a des degrés de gloire. Tous les impies seront jugés et condamnés par le Juge Juste, mais « la plus grande condamnation » sera réservée aux hypocrites » (Spurgeon).
3. (15) Les chefs religieux ont conduit leurs convertis sur la mauvaise voie.
»Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un converti et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de l’enfer deux fois pire que vous.
a. Vous parcourez la mer et la terre pour faire un converti [NDT — souvent traduit « prosélyte »] : Leur zèle pour l’évangélisation ne prouvait pas qu’ils étaient en harmonie avec Dieu. Ces chefs religieux se donnaient beaucoup de mal pour en converti[r]d’autres, mais ils amenaient les gens dans les ténèbres, pas dans la lumière.
i. Paul a eu la même idée dans Romains 10:2 quand il a fait remarquer qu’une partie du peuple juif de son époque avait du zèle pour Dieu, mais pas conformément à la vraie connaissance.
ii. « Le mot prosélyte est la translittération française du mot grec proselutos, ce qui signifie celui qui s’est approché ou rapproché. Le prosélyte était le converti complet qui avait accepté la loi cérémonielle et la circoncision et qui était devenu au sens le plus complet un Juif » (Barclay).
iii. « Un nombre important d’érudits soutient de manière convaincante que le premier siècle de notre ère jusqu’à la chute de Jérusalem marque la période la plus remarquable de zèle missionnaire juif et un succès correspondant » (Carson).
b. Quand il l’est devenu, vous en faites un fils de l’enfer deux fois pire que vous : Par leur grande énergie, ils pouvaient en converti[r], mais sans aucun bien durable pour ceux qui avaient été convertis.
i. « Leur affaire n’était pas de détourner les hommes du péché vers Dieu, mais simplement de les convertir à une opinion » (Poole).
ii. À cet égard, les chefs religieux étaient semblables aux mormons et aux témoins de Jéhovah d’aujourd’hui. C’étaient des messagers courageux et énergiques, mais porteurs d’un faux message.
iii. « Jésus n’a pas critiqué le fait de l’effort missionnaire considérable des pharisiens, mais ses résultats … ils se surpassaient eux-mêmes » (Carson).
4. (16-22) Les chefs religieux faisaient des serments faux et trompeurs.
»Malheur à vous, conducteurs aveugles! Vous dites: ‘Si quelqu’un jure par le temple, cela ne compte pas, mais si quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé.’ Espèces de fous aveugles! Lequel est le plus grand: l’or ou le temple qui consacre l’or? Vous dites encore: ‘Si quelqu’un jure par l’autel, cela ne compte pas, mais si quelqu’un jure par l’offrande qui est sur l’autel, il est engagé.’ Espèces de fous aveugles! Lequel est le plus grand: l’offrande ou l’autel qui consacre l’offrande? Celui qui jure par l’autel jure par l’autel et par tout ce qui est dessus, celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui qui l’habite, et celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis.
a. Si quelqu’un jure par le temple, cela ne compte pas : par obéissance à la Parole de Dieu, ils refusaient de jurer par le nom de Dieu (comme cela est commandé dans Exode 20:7). Pourtant, ils ont construit un système élaboré de serments, dont certains étaient contraignants et d’autres non. C’était une façon de faire une promesse tout en croisant les doigts dans le dos.
i. « Pour le Juif, un serment était absolument contraignant, tant que c’était un serment contraignant. En gros, un serment contraignant était un serment qui employait indéniablement et sans équivoque le nom de Dieu ; un tel serment doit être tenu, quel qu’en soit le coût. Tout autre serment pourrait être légitimement rompu » (Barclay).
b. Lequel est le plus grand: l’offrande ou l’autel qui consacre l’offrande? Ici, Jésus a souligné que l’autel lui-même est plus grand que le sacrifice qui y est fait. L’autel est le lieu de rencontre établi entre Dieu et l’homme, et notre autel est Jésus Lui-même et Son œuvre sur la croix.
i. N’ayant jamais été séparé de Dieu le Père par le péché, Jésus Lui-même n’avait pas besoin d’autel. Il avait une relation libre et glorieuse avec Son Père. C’était la liberté d’Adam avant la chute — ou même plus encore, parce que Jésus avait une histoire de relation avec Son Père qu’Adam ne connaissait pas.
ii. Il est digne de penser à la grandeur de l’autel de l’Ancien Testament :
·Le but de l’autel est significatif : il sanctifiait ce qui était mis sur lui, et il soutenait et supportait le sacrifice jusqu’à ce qu’il soit consommé.
·L’emplacement de l’autel est significatif : il montre que nous venons d’abord à Jésus et à Son œuvre expiatoire.
·La forme de l’autel est significative : il est carré et parfaitement proportionné, stable et inébranlable.
·Les cornes de l’autel sont significatives : elles montrent la puissance de Dieu inhérente en Jésus.
·La position de l’autel est significative : il n’est pas surélevé, mais suffisamment bas pour que tous s’en approchent ; il n’a pas de marches qui révéleraient la chair humaine.
·L’aspect de l’autel est significatif : il est maculé du sang du sacrifice.
·Le matériau de l’autel est significatif : il est en cuivre, forgé au feu et capable de supporter le jugement des flammes.
c. Celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui qui l’habite : Jésus leur a rappelé que tout serment est contraignant et que Dieu tient celui qui jure pour responsable, même si celui-ci s’excuse.
5. (23-24) Les chefs religieux sont obsédés par les futilités et ignorent les questions importantes.
»Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous versez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin et que vous laissez ce qu’il y a de plus important dans la loi: la justice, la bonté et la fidélité. C’est cela qu’il fallait pratiquer, sans négliger le reste. Conducteurs aveugles! Vous filtrez vos boissons pour éliminer le moucheron, mais vous avalez le chameau.
a. Vous versez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin : Leur dîme était méticuleuse et remarquable ; mais hypocrite parce qu’elle servait à apaiser la culpabilité de leur négligence de ce qu’il y a de plus important dans la loi. Il est à la fois possible et courant d’être distrait par des choses relativement insignifiantes alors qu’un monde perdu périt.
i. « Ce qu’il y a de “plus important” dans la loi ne se réfèrent pas à ce qui est le “plus difficile” ou le “plus dur”, mais à ce qui est le “plus central”, le “plus décisif” » (Carson).
ii. Jésus a donné une brève description de ce qu’il y a de plus important dans la loi avec les mots la justice, la bonté et la fidélité. « Cette phrase rappelle le résumé de la vraie religion (par opposition au sacrifice extravagant) dans Michée 6:8 » (France).
b. Conducteurs aveugles! Vous filtrez vos boissons pour éliminer le moucheron, mais vous avalez le chameau : Jésus a illustré leur folie avec l’image humoristique d’un homme si attaché à un régime casher qu’il n’avalerait pas un moucheron parce qu’il n’avait pas été correctement saigné conformément aux réglementations casher. Pourtant, le même homme avalerait un chameau entier à la place.
i. « C’est une image humoristique qui a dû faire rire, d’un homme passant soigneusement son vin à travers de la gaze pour éviter d’avaler un insecte microscopique tout en avalant joyeusement un chameau. C’est l’image d’un homme qui a complètement perdu le sens des proportions » (Barclay).
6. (25-26) Les chefs religieux sont impurs à l’intérieur comme à l’extérieur.
»Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, alors qu’à l’intérieur ils sont pleins du produit de vos vols et de vos excès. Pharisien aveugle! Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne pur.
a. Vous nettoyez l’extérieur de la coupe : Les spécialistes de la loi et les pharisiens se sont satisfaits d’une purification superficielle et d’une apparence de justice.
b. À l’intérieur ils sont pleins du produit de vos vols et de vos excès : Bien que très préoccupés par leur apparence extérieure de justice, ils ne se souciaient pas d’un intérieur plein de péché et de corruption.
c. Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne pur : Jésus ne les a pas appelés à choisir entre la justice extérieure et la justice intérieure. Il les a appelés à se préoccuper des deux, mais à s’adresser d’abord à l’intérieur. La vraie justice extérieure commence à l’intérieur.
7. (27-28) Les chefs religieux ont l’apparence du bien, mais sans la vie spirituelle dans l’homme intérieur.
»Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis qui paraissent beaux de l’extérieur et qui, à l’intérieur, sont pleins d’ossements de morts et de toutes sortes d’impuretés. Vous de même, de l’extérieur, vous paraissez justes aux hommes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et d’injustice.
a. Vous ressemblez à des tombeaux blanchis : C’était la coutume des Juifs de l’époque de blanchir les tombeaux de la ville de Jérusalem avant la Pâque afin que personne n’y touche accidentellement, se rendant ainsi cérémonieusement impur. Jésus a dit que ces chefs religieux ressemblaient à des tombeaux blanchis : jolis à l’extérieur, mais morts à l’intérieur.
i. Ainsi Paul a appelé le grand-prêtre une muraille blanchie dans Actes 23:3.
b. De l’extérieur, vous paraissez justes aux hommes : Les hommes peuvent les voir comme justes, mais Dieu, non. Dieu n’est jamais dupe de ce que nous montrons à l’extérieur. Il voit ce que nous sommes réellement, pas ce que nous paraissons être aux autres hommes.
8. (29-36) Les chefs religieux honorent les prophètes morts, mais assassinent les prophètes vivants.
»Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous construisez les tombeaux des prophètes et que vous décorez les tombes des justes, et vous dites: ‘Si nous avions vécu à l’époque de nos ancêtres, nous ne nous serions pas joints à eux pour verser le sang des prophètes.’ Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les descendants de ceux qui ont tué les prophètes. Portez donc à son comble la mesure de vos ancêtres! Serpents, race de vipères! Comment échapperez-vous au jugement de l’enfer? C’est pourquoi, je vous envoie des prophètes, des sages et des spécialistes de la loi. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous fouetterez les autres dans vos synagogues et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent versé sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Bérékia, que vous avez tué entre le temple et l’autel. En vérité je vous le dis, tout cela retombera sur cette génération.
a. Vous construisez les tombeaux des prophètes et que vous décorez les tombes des justes : Ils professaient vénérer les prophètes morts mais ils rejetaient les prophètes vivants. Ce faisant, ils montraient qu’ils étaient vraiment les enfants de ceux qui ont assassiné les prophètes dans les temps anciens (vous êtes les descendants de ceux qui ont tué les prophètes).
i. Nous exprimons la même pensée quand nous pensons ceci : « Je n’aurais pas renié Jésus comme les autres disciples l’ont fait. »
b. Portez donc à son comble la mesure de vos ancêtres : Jésus a prophétisé comment ces chefs achèveraient le rejet des prophètes que leurs pères ont commencé, en persécutant Ses disciples, qu’Il leur enverrait.
i. « Aucun argument ne peut priver ces mots de leur terrible portée. Ils restent écrits pour toujours, nous parlant de “la colère de l’Agneau” » (Morgan).
ii. « C’est l’une des phrases les plus terribles jamais prononcées par le Christ. C’est comme Son message à Judas : «Ce que tu fais, fais-le rapidement.»… Ce péché suprême porterait à son comble la mesure de la culpabilité de leurs ancêtres et ferait tomber sur eux le juste jugement de Dieu » (Spurgeon).
c. Serpents, race de vipères : Cette phrase a l’idée de « famille du diable ». Ces chefs religieux tiraient une fierté imméritée de leur héritage, pensant qu’ils étaient les fils spirituels d’Abraham. Au lieu de cela, ils ressemblaient plus à des fils du diable, pas à des fils d’Abraham.
i. Jésus s’est exprimé si vertement à propos de ces chefs religieux pour deux raisons. Premièrement, il ne voulait pas que d’autres soient trompés par eux. Deuxièmement, Il aimait ces hommes. Ces hommes étaient les plus éloignés de Dieu et ils devaient être avertis du jugement à venir. Ce que Jésus voulait vraiment, c’était leur repentir, pas leur jugement.
d. Depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Bérékia : Jésus parla ici de tous les justes martyrs de l’Ancien Testament. Abel était clairement le premier, et de la manière dont la Bible hébraïque était arrangée, Zacharie était le dernier. 2 Chroniques est le dernier livre de la Bible hébraïque, et l’histoire de Zacharie se trouve dans 2 Chroniques 24.
i. Le sang d’Abel cria (Genèse 4:10), et Zacharie demanda qu’on se souvienne de son sang (2 Chroniques 24:22).
ii. Il y a un problème avec la description de Zacharie comme le fils de Bérékia, parce que le texte de 2 Chroniques le décrit comme le fils de Jehojada (2 Chroniques 24:20). Clarke résume les meilleures résolutions à ce problème. Premièrement, que les noms doubles étaient fréquents parmi les Juifs (1 Samuel 9:1 et 1 Chroniques 8:33 ; Matthieu 9:9 et Marc 2:14, et d’autres exemples également). En second lieu, que les noms Jehojada et Bérékia ont la même signification : la louange ou la bénédiction de l’Éternel.
iii. « On peut presque sentir la force flétrissante de Sa forte et puissante indignation, indignation dirigée non pas contre le peuple, mais contre ses faux guides. Et pourtant, derrière tout cela se trouve Son cœur, et les “malheurs” se fondent dans un gémissement d’agonie, le cri d’une mère sur son enfant perdu » (Morgan).
9. (37-39) Jésus se lamente sur Jérusalem.
»Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu! Voici que votre maison vous sera laissée déserte car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez: ‘Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!’»
a. Jérusalem, Jérusalem : Luc 19:41 nous dit que Jésus pleura en regardant la ville de Jérusalem, pensa à Son jugement à venir, et prononça ces paroles. Jésus voulait les protéger du terrible jugement qui tôt ou tard ferait suite à leur rejet de Lui.
i. Il est écrit que Jésus pleura deux fois : ici, à cause de la douleur de savoir ce qui arriverait à ceux qui Le rejettent ; et aussi au tombeau de Lazare, pleurant à cause de la puissance de la mort et de la douleur qu’elle cause.
ii. Ce cri sincère est une autre façon de voir que Jésus ne détestait pas ces hommes qu’Il réprimandait si fortement. Son cœur s’est brisé pour eux. Quand nous péchons, Dieu ne nous déteste pas ; Il a vraiment de la peine pour nous, sachant que de toutes les manières notre péché et notre rébellion ne font que détruire notre vie. Nous devrions espérer partager la douleur de Dieu pour l’humanité perdue.
b. Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes : Jésus a voulu protéger, nourrir et chérir Son peuple, les Juifs, comme une mère oiseau protège les jeunes poussins.
i. « L’image d’une poule (le grec dit simplement “oiseau”) protégeant ses petits est utilisée dans l’Ancien Testament pour la protection que procure Dieu à Son peuple (Psaumes 17:8 ; 91:4 ; Ésaïe 31:5 ; etc.) » (France).
ii. Cette image d’une poule et de ses poussins nous apprend quelque chose sur ce que Jésus voulait faire pour ceux qui Le rejetaient.
·Il voulait les mettre en sécurité.
·Il voulait les rendre heureux.
·Il voulait qu’ils fassent partie d’une communauté bénie.
·Il voulait favoriser leur croissance.
·Il voulait qu’ils connaissent Son amour.
·Cela ne pouvait arriver que s’ils répondaient à Son appel.
iii. « Le désir de Jésus ne peut appartenir qu’au Sauveur d’Israël, pas à l’un de Ses prophètes » (Carson).
iv. Les mots combien de fois j’ai voulu sont une indication subtile que Matthieu savait que Jésus avait visité Jérusalem plusieurs fois auparavant (comme cela est clairement relaté dans l’Évangile de Jean), même s’il ne mentionne que cette dernière visite. « Jésus n’aurait pas pu dire ce qu’Il dit ici s’Il n’avait pas effectué des visites répétées à Jérusalem et lancé des appels répétés au peuple » (Barclay).
c. Et vous ne l’avez pas voulu! Le problème n’était pas la volonté de Jésus de les sauver et de les protéger ; le problème était qu’ils ne l'[ont] pas voulu. Par conséquent, la destruction prédite viendrait sur eux.
i. « Quelle image de pitié et d’amour déçu le visage du roi a dû présenter lorsque, avec les larmes qui coulaient, Il a prononcé ces mots ! » (Spurgeon).
ii. « Nous soutenons avec ténacité que le salut n’est que grâce, mais nous croyons aussi avec une égale fermeté que la ruine de l’homme est entièrement le résultat de son propre péché. C’est la volonté de Dieu qui sauve ; c’est la volonté de l’homme qui damne » (Spurgeon).
iii. Dans un sermon merveilleux sur ce texte (J’ai voulu, mais vous n’avez pas voulu — I Would; But Ye Would Not en anglais), Spurgeon a décrit le genre de volonté qui vient vraiment à Jésus.
·C’est une vraie volonté.
·C’est une volonté pratique et agissante.
·C’est une volonté immédiate.
·C’est une volonté établie.
d. Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez: ‘Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!’ Jésus a révélé ici quelque chose sur les conditions entourant Sa seconde venue. Lorsque Jésus reviendra, le peuple Juif L’accueillera comme le Messie en disant : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
i. « Jusqu’à ce que l’ensemble des non-Juifs soit entré, quand la parole de vie vous sera de nouveau envoyée ; alors vous vous réjouirez, et bénirez et louerez celui qui vient au nom du Seigneur, avec un salut complet et définitif pour les brebis perdues de la maison d’Israël » (Clarke).
ii. Ce ne sera pas chose facile, d’amener Israël à ce stade là, mais Dieu le fera. Il est promis qu’Israël accueillera Jésus à Son retour, comme l’a dit l’Apôtre Paul dans Romains 11:26 : Et ainsi tout Israël sera sauvé.
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