1 Timothée 5 – Comment traiter les gens dans l’Église
A. Abrégé d’instructions sur la façon dont il convient de traiter les différentes catégories de personnes dans l’Église.
1. (1) Comment traiter les hommes dans l’Église.
Ne reprends pas le vieillard avec dureté, mais encourage-le comme un père. Encourage les jeunes gens comme des frères,
a. Ne reprends pas le vieillard. Paul indique à Timothée que les vieillard[s] ne doivent généralement pas être réprimandés. Un jeune pasteur tel que Timothée doit les guider fidèlement, mais en leur témoignant le respect dû à leur âge et à la sagesse présumée des vieillard[s].
i. Toute personne qui vit conformément à ce qui plait à Dieu fera preuve de déférence envers les personnes âgées. Tu te lèveras devant la personne aux cheveux blancs et tu traiteras le vieillard avec honneur. Tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel (Lévitique 19:32). Les cheveux blancs sont une couronne d’honneur: c’est dans le chemin de la justice qu’on la trouve (Proverbes 16:31).
ii. Il y a une autre raison d’exhorter plutôt que de reprendre un homme âgé : il se peut qu’il n’accepte tout simplement pas de réprimande.
b. Ne reprends pas. Le verbe grec ancien pour reprend[re] n’est pas le mot habituellement utilisé dans le Nouveau Testament pour « réprimander ». Ici, c’est le seul endroit où ce mot est utilisé, et il signifie littéralement « frapper ». Il est dit à Timothée de ne pas attaquer les hommes plus âgés avec des mots, mais de les traiter avec respect — comme il traiterait les hommes plus jeunes avec respect en tant que frères.
i. Ici, Paul n’est pas en train de dire à Timothée qu’il ne doit jamais reprendre les hommes plus âgés, mais qu’il ne doit pas attaquer les gens avec une réprimande trop dure.
ii. En dehors du mot particulièrement sévère employé ici, réprimander fait en général partie des devoirs importants d’un pasteur. Réprimander, c’est expliquer simplement et clairement à une personne qu’elle a tort, que ce soit dans sa conduite ou dans sa pensée. L’objectif principal est de confronter clairement une personne à son comportement ou à sa pensée erronée. Dans une autre lettre adressée à un pasteur, Paul précise l’importance de la réprimande : Reprends avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise. (Tite 2:15).
iii. D’ailleurs, plus loin dans ce même chapitre (1 Timothée 5:20), Paul dit à Timothée qu’il y a des moments où non seulement il est nécessaire de reprendre une personne plus âgée, mais qu’il y aura même des moments où cette réprimande devra se faire publiquement. Par conséquent, dans ce verset, l’injonction donnée à Timothée n’est pas de ne jamais reprendre, mais plutôt de ne jamais reprendre d’une manière dure et agressive.
iv. Le problème est que nombreux sont ceux qui lors d’une réprimande vont rassembler toutes leurs capacités défensives — si ce n’est pas sur le moment, ce sera plus tard, après avoir eu le temps de réfléchir et d’écouter leur orgueil. Certains deviennent même experts dans l’art de critiquer celui ou celle qui les a repris, et considèrent que leurs sentiments blessés sont plus importants que la vérité de la réprimande.
v. Certes, personne n’aime être repris, mais la personne sage utilise la réprimande comme un moyen précieux de croissance. Spurgeon a dit : « Un ami sensé qui vous critiquera sans ménagement de semaine en semaine sera une bien plus grande bénédiction pour vous qu’un millier d’admirateurs sans discernement, si vous avez assez de bon sens pour supporter son traitement et assez de grâce pour en être reconnaissant » (Lectures to My Students).
c. Mais encourage-le comme un père. L’exhortation vous incite à faire ce qui doit être fait. Celui qui exhorte, le fait à la manière d’un entraîneur ou d’un formateur encourageant, qui aide l’athlète à donner le meilleur de lui-même.
d. Les jeunes gens. Timothée doit les traiter comme des frères ; c’est-à-dire comme des partenaires et des amis dans l’œuvre de l’Évangile, mais sans la même déférence due aux hommes plus âgés.
2. (2) Comment traiter les femmes dans l’Église.
Les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, en toute pureté.
a. Les femmes âgées. Celles-ci devaient être traitées comme des mères, avec le respect et l’honneur dus à leur âge. Un jeune pasteur doit accepter — et apprécier — une certaine dose de maternage de la part de certaines femmes âgées de l’Église, et il convient de les honorer en tant que telles.
b. Les femmes plus jeunes. Ces jeunes femmes devaient être traitées comme des sœurs. Timothée, comme tout homme selon le cœur de Dieu, doit toujours veiller à ce que sa conduite envers les jeunes femmes soit pure et irréprochable. L’homme selon le cœur de Dieu n’est ni charmeur ni provocateur, il ne fait pas usage de « double sens » (mots d’esprit qui peuvent être pris dans un sens charmeur ou provocateur).
B. Comment traiter les veuves et les personnes nécessiteuses.
1. (3) Principe général : l’aide doit être donnée aux nécessiteux qui sont vraiment dans le besoin.
Honore les veuves qui sont vraiment veuves.
a. Honore les veuves. À l’époque de la rédaction du Nouveau Testament, il n’y avait pas de système d’aide sociale de la part du gouvernement. Et à l’époque, il existait une classe particulièrement vulnérable : les veuves âgées, qui avaient perdu le soutien de leur mari et n’en recevaient généralement pas de leurs enfants adultes. Elles n’avaient aucun moyen de subvenir convenablement à leurs besoins. Voilà celles qui sont vraiment veuves.
i. « Une signification du mot honorer (τιμαω) est soutenir, nourrir… et ici c’est le sens le plus évident » (A. Clarke).
ii. Les principes révélés ici sont extrêmement pertinents aujourd’hui, quand beaucoup considèrent l’Église locale comme un lieu où les pauvres et les nécessiteux devraient pouvoir venir chercher une aide financière.
iii. La plupart des pasteurs ne manquent pas d’anecdotes au sujet d’étrangers qui contactent l’Église et demandent de l’aide — et ces pasteurs vous diront combien il est difficile de traiter de telles situations avec amour, sans être dupe pour autant. L’auteur a vécu plusieurs expériences où des hommes l’ont appelé d’un hôtel pour raconter leur triste histoire et demander de l’argent au nom de l’amour chrétien. À l’arrivée, la chambre était généralement en désordre, la télévision allumée sur un programme dégradant, les preuves ne manquant pas d’appels téléphoniques passés aux Églises de toute la ville, à la recherche de pasteurs à qui raconter la triste histoire. Lorsqu’on leur demande de citer leur verset biblique préféré, ces hommes sont presque toujours embarrassés et incapables de répondre. En de nombreuses autres occasions, lorsque nous avons aidé des personnes dans le besoin, nous leur avons demandé de demander au pasteur de leur Église d’origine de nous appeler pour nous remercier, mais cela ne s’est jamais produit.
b. Qui sont vraiment veuves. Celles qui sont vraiment veuves doivent être honor[ées] — ce qui, dans ce contexte, signifie un soutien financier, mais donné de manière digne et honorable.
2. (4-6) Comment savoir si elles sont vraiment veuves.
Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu’ils apprennent à exercer la piété d’abord envers leur propre famille et à rendre à leurs parents ce qu’ils ont reçu d’eux, car cela est agréable à Dieu. La vraie veuve, celle qui est restée toute seule, a mis son espérance en Dieu et persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. Par contre, celle qui vit dans les plaisirs est morte, bien que vivante.
a. Si une veuve a des enfants. Celles qui doivent être légitimement aidées par l’Église ne doivent pas avoir de famille qui puisse les aider. Si elles ont une famille pour les aider, c’est à la famille de le faire.
i. Ce passage décrit ce qu’est une « véritable » veuve : c’est celle qui est restée toute seule, et qui n’a personne d’autre pour la soutenir. « Cela montre que les femmes qui sont vraiment veuves sont celles qui n’ont ni enfants ni neveux, c’est-à-dire pas de parenté qui veuille ou puisse les aider, ou pas de proches en vie » (A. Clarke).
ii. Qu’ils apprennent à exercer la piété d’abord envers leur propre famille et à rendre à leurs parents ce qu’ils ont reçu d’eux. Cette injonction nous rappelle la responsabilité permanente des enfants adultes envers leurs parents et grands-parents.
iii. « Le chrétien qui n’est pas à la hauteur de l’affection familiale trouvée chez les païens est d’autant plus répréhensible qu’il a ce que les païens n’ont pas, l’exemple suprême d’amour en Jésus-Christ » (N. J. D. White).
b. A mis son espérance en Dieu et persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. Celles qui devaient être légitimement aidées par l’Église devaient servir l’Église d’une manière ou d’une autre. Dans ce cas, les veuves se voyaient confier la tâche de prier pour l’Église.
c. Par contre, celle qui vit dans les plaisirs. Celles qui doivent être légitimement aidées par l’Église doivent mener une vie selon le cœur de Dieu. Il est tout à fait juste de dire : « Vous ne menez pas une vie qui honore Dieu, vous ne recevrez donc pas d’aide financière de l’Église. »
i. « Il ne s’agit pas de plaisirs grossièrement criminels ; mais cela signifie simplement une personne qui se laisse aller à bien manger et boire, à choyer son corps au détriment de son esprit » (A. Clarke).
ii. Est morte, bien que vivante. La vie vécue pour le seul plaisir et la facilité n’est pas une vie. C’est une mort vivante, qu’elle soit vécue par une jeune veuve ou par n’importe qui d’autre.
iii. Un grand nombre des personnes qui viennent demander de l’aide à l’Église sont dans le besoin parce qu’elles ont vécu leur vie pour les plaisirs de l’alcool, de la drogue ou d’autre chose ; maintenant elles sont dans le besoin et elles demandent l’aide de l’Église. Il est tout à fait légitime de dire : « Non, vous avez vécu dans les plaisirs et vous en subissez maintenant les conséquences. Les ressources de cette assemblée ne sont pas prévues pour aider dans ce cas. »
3. (7-8) D’où doit provenir l’aide.
Donne-leur ces instructions afin qu’elles soient irréprochables. Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, et en particulier des membres de sa famille proche, il a renié la foi et il est pire qu’un non-croyant.
a. Donne-leur ces instructions. Un bon pasteur enseignera ces choses, afin que tous sachent ce que Dieu attend d’eux.
b. Si quelqu’un ne prend pas soin des siens. La manière normale dont Dieu pourvoit aux besoins des nécessiteux ne passe pas par l’assemblée locale, mais par notre propre travail.
c. Il a renié la foi et il est pire qu’un non-croyant. Paul ne mâche pas ses mots pour souligner la responsabilité de l’homme de subvenir aux besoins de sa famille, à savoir faire tout ce qu’il peut pour la soutenir.
i. C’est le minimum requis d’un chrétien. S’il ne fait même pas cela, sa conduite est pire que celle d’un non-croyant.
ii. « Nous pouvons ajouter que Jésus lui-même a donné un exemple de la manière de prendre soin des siens, lorsqu’il a pourvu à un foyer pour sa mère auprès du disciple bien-aimé » (N. J. D.White).
iii. C’est pourquoi, lorsque quelqu’un est au chômage, nous pouvons prier avec beaucoup de confiance, sachant que c’est la volonté de Dieu qu’il subvienne aux besoins de sa famille par son travail.
4. (9-10) Aider les veuves âgées.
Pour être inscrite sur la liste, une veuve ne doit pas avoir moins de 60 ans. Il faut qu’elle ait été fidèle à son mari et qu’elle soit connue pour de belles œuvres: qu’elle ait élevé ses enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, porté secours aux opprimés, cherché à faire le bien en toute occasion.
a. Pour être inscrite sur la liste, une veuve ne doit pas avoir moins de 60 ans. L’idée est que si une personne a moins de soixante ans, elle peut encore subvenir à ses besoins ou se remarier. Ces veuves n’ont pas besoin d’être ajoutées à la liste des personnes aidées par l’Église.
b. Connue pour de belles œuvres: qu’elle ait… cherché à faire le bien en toute occasion. Ces veuves que l’Église accepte de soutenir ne doivent pas seulement être de véritables veuves, mais elles doivent aussi avoir un caractère agréable à Dieu. Elles sont appelées à un travail, pas seulement à une aumône.
i. Lorsque Paul dit qu’elles doivent avoir élevé leurs enfants, il pense probablement à la fois à l’éducation de leurs propres enfants et à l’accueil d’enfants abandonnés (ce qui n’était que trop fréquent dans le monde antique). « Le verbe élever peut s’appliquer aux enfants d’autres personnes, qui ont été éduqués à la foi chrétienne par des chrétiennes pieuses » (A. Clarke).
5. (11-16) Aider les jeunes veuves.
Par contre, écarte de la liste les jeunes veuves, car lorsque leurs désirs les dressent contre Christ, elles veulent se remarier et se rendent ainsi coupables d’avoir rompu leur engagement initial. De plus, étant désœuvrées, elles prennent l’habitude d’aller de maison en maison. Et non contentes d’être désœuvrées, elles se montrent encore bavardes et indiscrètes en parlant de ce qu’il ne faut pas. Je veux donc que les jeunes veuves se marient, qu’elles aient des enfants, qu’elles dirigent leur maison, qu’elles ne donnent à l’adversaire aucune occasion de dire du mal de nous. En effet, certaines se sont déjà détournées pour suivre Satan. Si un croyant, homme ou femme, a des veuves dans sa famille, qu’il les assiste et que l’Eglise n’en ait pas la charge, afin qu’elle puisse aider celles qui sont vraiment veuves.
a. Écarte de la liste les jeunes veuves. En règle générale, ces femmes ne doivent pas être ajoutées à la liste de soutien de l’assemblée, car elles peuvent généralement subvenir à leurs besoins et se remarier.
i. Leurs désirs les dressent contre Christ. La première partie de cette phrase est un verbe qui peut se traduire « leurs désirs se raniment » et à ce propos Adam Clarke écrit : « Le mot dérive de στερειν, supprimer, et ηνια, rêne. C’est une métaphore tirée d’un cheval gâté, de la bouche duquel la rêne a été enlevée, de sorte qu’il n’y a rien pour le contrôler ou le confiner. La métaphore est assez simple et l’application facile. »
b. Elles veulent se remarier, et se rendent ainsi coupables. Paul ne condamne pas les jeunes veuves qui veulent se remarier, il remarque seulement que de nombreuses femmes célibataires ont tellement envie de se marier et d’avoir de la compagnie qu’elles ne se conduisent pas de manière agréable à Dieu en matière de relations.
i. De nombreuses personnes s’engagent dans une mauvaise histoire d’amour ou gâchent une amitié, parce qu’elles ont désespérément besoin d’une relation. C’est ce phénomène courant contre lequel Paul met en garde.
ii. Il n’est pas nécessaire d’être une jeune veuve pour correspondre à la description suivante : elles prennent l’habitude d’aller de maison en maison. Et non contentes d’être désœuvrées, elles se montrent encore bavardes et indiscrètes en parlant de ce qu’il ne faut pas. Les personnes qui passent beaucoup de temps à parler de la vie des autres doivent avoir une vie à elles. « Ce n’est en aucun cas un péché de se marier, d’avoir des enfants et de s’occuper d’une famille ; mais c’est un péché dans tous les cas d’être paresseuses, fêtardes, bavardes, fouineuses, passant au crible et détaillant les secrets de famille » (A. Clarke).
iii. Paul ne condamne pas le fait qu’une jeune veuve puisse désirer une relation amoureuse, mais il insiste pour que ce désir soit vécu et exprimé dans la pureté qui devrait caractériser tous les croyants.
c. Si un croyant, homme ou femme, a des veuves dans sa famille, qu’il les assiste. Paul conclut avec un principe auquel il fait allusion trois fois dans cette section (1 Timothée 5:4, 5 et 8). La première responsabilité en matière de soutien se situe au niveau du foyer ; l’Église locale doit soutenir les véritables indigents qui n’ont pas de famille et vivent selon le dessein de Dieu.
C. Comment traiter les aînés.
1. (17-18) Les anciens doivent être honorés selon les principes de l’Écriture.
Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’une double marque d’honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement. En effet, l’Ecriture dit: Tu ne mettras pas de muselière au bœuf quand il foule le grain et: «L’ouvrier mérite son salaire.»
a. Les anciens. Le mot ici doit être compris dans un sens large, à savoir ceux qui exercent une responsabilité. L’accent est mis sur les anciens qui dirigent et les anciens qui enseignent (travaillent à la prédication et à l’enseignement). Les anciens qui dirigent ne seront pas tous nécessairement aussi des anciens qui enseignent.
b. Jugés dignes d’une double marque d’honneur. Si un ancien (un pasteur, par exemple) dirige bien et travaille à la prédication et à l’enseignement (ce qui signifie clairement un travail difficile), il est digne d’une double marque d’honneur.
i. Dans ce contexte, la double marque d’honneur signifie un soutien financier. Paul a déjà déclaré que certaines veuves étaient dignes d’être honorées (1 Timothée 5:3), en parlant de soutien financier. Il ajoute ici : que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’une double marque d’honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement. Certains pensent que l’Église ne devrait pas payer les pasteurs et le personnel, et que rémunérer le service chrétien est une abomination — ils disent que l’Église devrait plutôt utiliser l’argent pour soutenir les nécessiteux. C’est une façon de penser qui ne manque pas d’attrait, mais elle n’est pas biblique. Si les nécessiteux (c’est-à-dire ceux qui sont vraiment nécessiteux) sont dignes d’être honorés, alors ceux qui gouvernent et enseignent correctement dans l’Église sont dignes d’une double marque d’honneur.
ii. « Presque tous les critiques de renom admettent qu’ici, honneur (τιμη) signifie récompense, allocation, salaire. Accorde-lui un salaire double ou supérieur qui règle bien » (A. Clarke).
iii. White paraphrase ainsi l’idée de Paul : « Ce que j’ai dit à propos de l’aide aux veuves me rappelle une autre question relative aux finances de l’Église : la rémunération des anciens. L’équité et les principes scripturaires suggèrent qu’ils devraient être rémunérés en proportion de leur utilité. »
c. En effet, l’Ecriture dit. Le principe selon lequel ceux qui servent le peuple de Dieu doivent être rémunérés (dans la mesure du possible, bien sûr) est soutenu par les passages de l’Ecriture cités par Paul : Deutéronome 25:4 et Luc 10:7.
i. Paul a expliqué dans 1 Corinthiens 9:11 que si quelqu’un sème les biens spirituels (comme le travail à la prédication et à l’enseignement), il est tout à fait juste qu’il récolte des biens matériels de la part de ceux pour qui il fait ce travail spirituel. Dans Galates 6:6, Paul écrit : Que celui à qui l’on enseigne la parole donne une part de tous ses biens à celui qui l’enseigne. Dans Philippiens 4:17, Paul dit que de tels dons (financiers) sont un fruit qui abonde sur le compte de celui qui donne, qui aura part à la récompense du service spirituel pour lequel il a donné.
ii. En passant, il est important de relever qu’au verset 18 Paul cite l’évangéliste Luc, sans le nommer, en qualifiant ces paroles d’Ecriture.
2. (19-20) Comment traiter un dirigeant accusé de péché.
N’accepte pas d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou trois témoins. Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte.
a. N’accepte pas. Dans ces versets, Paul trouve l’équilibre entre donner crédit et réagir à tout ragot qui circule concernant un dirigeant de l’Église, et passer sous silence un péché grave dans la vie d’un dirigeant. Les deux extrêmes sont mauvais.
i. « Rien ne fait plus de mal que lorsque certaines personnes sont traitées comme si elles ne pouvaient rien faire de mal et d’autres comme si elles ne pouvaient rien faire de bien » (W. Barclay).
ii. « La raison de cette différence est évidente : ceux dont la tâche est de corriger les autres auront généralement de nombreux ennemis ; il faut donc faire preuve d’une grande prudence en acceptant les accusations portées contre de telles personnes » (A. Clarke).
b. N’accepte pas d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou trois témoins. Il ne faut pas recevoir automatiquement toutes les accusations portées contre un dirigeant. L’accusation doit être soigneusement confirmée par deux ou trois témoins — pas simplement deux ou trois autres personnes qui ont également entendu les ragots. Timothée ne doit pas accepte[r] ou promouvoir des accusations non fondées concernant les dirigeants de l’Église.
i. Dans son commentaire sur 1 Timothée, Jean Calvin explique certaines des raisons pour lesquelles les gens sont si prompts à accepte[r] une accusation contre un pasteur alors qu’ils ne le devraient peut-être pas : « Plus un pasteur s’efforce sérieusement de faire avancer le royaume de Christ, plus il est envié, et plus féroces sont les assauts faits contre lui. Non seulement cela, mais dès qu’une accusation contre les ministres de la parole est faite par un étranger, on la croit aussi pleinement que s’ils étaient déjà condamnés. Ceci n’est pas seulement dû au degré supérieur d’excellence morale qui leur est exigé, mais parce que presque tous sont tentés par Satan à une crédulité excessive, de sorte que, sans faire aucune enquête, ils condamnent avec empressement leurs pasteurs, qu’ils devraient plutôt avoir défendu. »
ii. Calvin souligne qu’il y a une attaque spirituelle dans tout cela : « C’est la ruse de Satan, pour éloigner le cœur des hommes de leurs ministres, afin que l’instruction puisse progressivement tomber dans le mépris. Ainsi, non seulement le tort est fait aux personnes innocentes, dont la réputation est injustement blessée, (ce qui est extrêmement bas à l’égard de ceux qui détiennent un rang si honorable), mais l’autorité de l’enseignement sacré de Dieu est diminuée. »
iii. On raconte l’histoire d’un pasteur qui essayait de se défendre contre les critiques. « Une histoire circule, disait-il, selon laquelle j’ai dit à ma femme de ne pas aller dans une certaine église qui a des réunions débridées. On dit que ma femme y est allée quand même, que je l’ai traînée hors de l’église en la tirant par les cheveux et que je l’ai tellement blessée qu’elle a dû aller à l’hôpital. Permettez-moi de répondre à ces accusations. Tout d’abord, je ne lui ai jamais dit de ne pas aller dans cette église. Deuxièmement, je ne l’ai pas traînée dehors en la tirant par les cheveux. Troisièmement, elle n’a jamais eu à aller à l’hôpital. Enfin, je n’ai jamais été marié, donc je n’ai pas de femme. »
iv. Dans Lectures to My Students [Cours pour mes étudiants], Spurgeon conseillait au pasteur qu’on est venu voir pour lui faire part de ragots, de répondre : « Eh bien, tout ceci est très important et je dois y accorder toute mon attention — mais ma mémoire n’est pas très bonne et j’ai beaucoup de choses à penser. Pouvez-vous me mettre tout ça par écrit ? » Spurgeon affirmait que cela règlait le problème, car personne ne voulait écrire ses ragots.
c. Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. Cependant, si les dirigeants sont dans le péché, cela doit être abordé sans détour — avec une réprimande publique, afin de promouvoir une peur du péché parmi les dirigeants et dans l’ensemble de l’Église.
i. Nombreuses sont les communautés d’Église qui ont connu de grandes difficultés parce que le péché de leurs dirigeants n’a pas été traité sans détour. Il est important que chacun comprenne qu’avoir la responsabilité de conduire une Église n’interdit pas d’avoir à rendre des comptes ; au contraire, cela rend chacun encore plus responsable de ses actes.
ii. Selon Jean Calvin, au Moyen Âge, l’Église protégeait ses évêques corrompus contre toute accusation en exigeant que 72 témoins soient présentés pour confirmer toute accusation contre un évêque. C’est un exemple extrême de dirigeants corrompus protégeant d’autres dirigeants corrompus.
3. (21) Ne pas avoir de préjugés ni faire preuve de partialité.
Je t’en supplie devant Dieu, devant [le Seigneur] Jésus-Christ et devant les anges élus: suis ces instructions sans préjugé et ne fais rien par favoritisme.
a. Je t’en supplie devant Dieu, devant [le Seigneur] Jésus-Christ et devant les anges élus. Cette demande forte reflète la nature sérieuse de la tâche des conducteurs de l’assemblée locale. Ils servent un Dieu éternel et c’est à Lui qu’ils doivent plaire en premier lieu, dans tout ce qu’ils font.
i. « Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les anges élus sont identiques aux “anges qui ont gardé leur rang” (Jude 6) et “qui n’ont pas péché” (2 Pierre 2:4) » (N. J. D. White).
ii. « Au “Christ”, il ajoute des “anges”, non en tant que juges, mais en tant que futurs témoins de notre insouciance, de notre imprudence, de notre ambition ou de notre infidélité. Ils sont présents en tant que spectateurs, car ils ont reçu l’ordre de prendre soin de l’Église » (J. Calvin).
iii. « Et, en effet, il doit être plus que stupide, et doit avoir un cœur de pierre, celui dont l’indolence et l’insouciance ne sont pas ébranlées par cette seule considération, que le gouvernement de l’Église est sous l’œil de Dieu et des anges ; et quand cet appel solennel est ajouté, notre peur et notre anxiété doivent être redoublées » (J. Calvin).
b. Suis ces instructions sans préjugé et ne fais rien par favoritisme. Les préjugé[s] et le favoritisme sont des péchés graves devant Dieu. Dans le Nouveau Testament, l’accent est mis sur le favoritisme en fonction de la classe sociale (Jacques 2:1-9) ; mais le favoritisme en fonction de la race et du sexe est également inclus (Galates 3:26-29) et considéré comme un péché.
i. « Ne traitez aucun homme, en matière religieuse, selon le rang qu’il détient dans la vie, ou selon l’attachement personnel que vous pourriez avoir pour lui. Chaque homme doit être traité dans l’Église comme il sera traité au siège du jugement de Christ » (A. Clarke).
D. Comment traiter les dirigeants potentiels dans l’Église.
1. (22) Prendre garde avant d’approuver le ministère d’une autre personne.
Ne pose les mains sur personne avec précipitation et ne t’associe pas aux péchés d’autrui. Toi-même, garde-toi pur.
a. Ne pose les mains sur personne. Ici, cette instruction concerne l’ordination. Paul met en garde Timothée : il faut laisser un homme faire ses preuves avant de le reconnaître dans le ministère. Il ne doit pas y avoir de précipitation ; le temps doit faire mûrir l’homme et son ministère.
i. Certains pensent que la recommandation de ne pas pose[r] les mains avec précipitation a trait à l’accueil offert aux personnes repentantes qui souhaitent retrouver la communion de l’Église. Il semble que dans certains cercles de l’Église primitive, ceux qui étaient tombés dans un péché scandaleux devaient être réintégrés dans l’Église par l’imposition des mains et la prière des responsables de l’Église. Si c’est le cas, Paul veut dire : « N’y allez pas trop vite. Laissez-les d’abord manifester la preuve de leur repentance. »
b. Pose les mains sur. Puisque l’ordination est tout simplement le fait de reconnaître l’appel de Dieu sur une personne, c’est une raison supplémentaire pour ne pas se presser — il faut laisser le temps à ces dons et appels de se manifester.
i. Il n’est pas rare qu’un jeune homme nouvellement entré dans le ministère soit un peu impatient, qu’il soit pressé de faire de grandes choses pour le Seigneur. Son impatience le pousse à demander aux pasteurs et aux anciens qu’ils pose[nt] les mains sur luien reconnaissance de l’œuvre de Dieu en lui.
ii. Pourtant, il peut aussi être dangereux que quelqu’un attende d’être reconnu par un titre ou par l’imposition des mains avant de se donner pleinement au service du Seigneur. Cela signifie qu’il se préoccupe davantage de l’image (de la façon dont les autres le voient) que de la substance (de ce qu’il peut réellement faire pour le Seigneur dès à présent).
c. Garde-toi pur. Cela renvoie à une idée importante. Si Timothée est appelé à observer et à évaluer la vie des autres, il est important qu’il soigne d’autant plus sa propre vie.
i. « L’intention de l’avertissement serait que Timothée ferait bien d’éviter les scandales cléricaux, en étant prudent dès le départ quant au caractère de ceux qu’il ordonne » (N. J. D. White).
ii. Ne t’associe pas aux péchés d’autrui. Nous avons tous assez de péchés personnels ; nous n’avons pas besoin d’en rajouter en prenant part aux péchés des autres. Il existe de nombreuses façons de le faire.
·Nous pouvons nous associer aux péchés des autres en donnant le mauvais exemple devant eux.
·Nous pouvons nous associer aux péchés des autres en les approuvant ou en les passant sous silence.
·Nous pouvons nous associer aux péchés des autres en rejoignant une Église qui diffuse des enseignements dangereux.
2. (23) Le conseil médical de Paul à Timothée.
Cesse de ne boire que de l’eau, prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises.
a. Prends un peu de vin à cause de ton estomac. Dans le monde antique, l’eau était souvent impure et Timothée avait probablement des problèmes liés à cette eau impure. Étant donné que le processus de fermentation éliminait certaines des substances nocives contenues dans l’eau, il était préférable pour lui de boire un peu de vin plutôt que de ne boire que de l’eau.
b. Prends un peu de vin. Timothée s’abstenait probablement de boire de l’alcool pour donner le bon exemple. Cependant, cette abstinence nuisait à sa santé — le vin était plus sûr à boire que l’eau. Paul dit donc à Timothée qu’il n’est pas sage de sacrifier sa santé au nom de cette abstinence — dans ces circonstances, prendre soin de son corps serait plus profitable pour Jésus et Son royaume.
i. « Paul dit simplement qu’il n’y a rien de bon dans un ascétisme qui fait plus de mal que de bien au corps » (W. Barclay).
c. Tes fréquents malaises. Timothée était victime de fréquents malaises ; pourtant, Paul ne s’est pas contenté d’exercer son autorité apostolique pour ordonner une guérison, ni même de lui envoyer un mouchoir doté d’un pouvoir de guérison (comme il en est question dans Actes 19:11-12). Cela prouve que Paul n’avait pas de pouvoirs miraculeux à sa disposition personnelle, ils ne lui étaient donnés que sur l’incitation de l’Esprit Saint. Apparemment, il n’y a pas eu une telle incitation dans le cas de Timothée.
i. Si la volonté de Dieu était que tous soient guéris dès maintenant, alors Paul (et le Saint-Esprit qui l’a inspiré) aurait dans le cas présent conduit Timothée à pécher — en l’appelant à chercher un remède naturel au lieu d’une guérison divine. Dieu utilise des remèdes naturels et le travail des médecins pour guérir, tout autant que la puissance surnaturelle de l’Esprit Saint — les deux ne s’excluent pas mutuellement.
3. (24-25) La difficulté de regarder le péché d’un homme et ses bonnes œuvres.
Les péchés de certains hommes sont évidents avant même qu’on les juge, mais chez d’autres ils ne se découvrent que par la suite. De même, les belles œuvres sont évidentes et celles qui ne le sont pas ne peuvent rester cachées.
a. Les péchés de certains hommes sont évidents… mais chez d’autres ils ne se découvrent que par la suite. Il est facile de voir les luttes et les péchés de certains, mais pour d’autres, les péchés sont cachés.
i. Nous avons tous des domaines de notre vie dans lesquels Dieu intervient. Parfois ce domaine est quelque chose d’évident pour les autres, mais il arrive que le domaine de péché ne soit pas évident au premier regard ; certaines personnes sont considérées comme saintes simplement parce qu’elles savent cacher leur péché.
b. Ne peuvent rester cachées. Les bonnes œuvres finissent toujours par être révélées ; mais les péchés sont parfois cachés et ne seront manifestés qu’au moment du jugement. Ces mots sont une mise en garde pour Timothée au moment de nommer des responsables. Parfois, ce que l’on voit de l’extérieur n’est pas vraiment une image exacte, il faut donc y aller doucement, et compter ainsi sur le discernement que Dieu donne.
© 2022 The Enduring Word Bible Commentary by David Guzik – ewm@enduringword.com